Page:Anatole France - Balthasar.djvu/192

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tellement que la jeune fille craignait d’y être prise, sans pouvoir ni avancer ni reculer, et de mourir là. Et le manteau du roi Loc fuyait sans cesse devant elle par l’étroit et noir sentier. Enfin le roi Loc rencontra une porte de bronze qu’il ouvrit et une grande clarté se fit :

— Petit roi Loc, s’écria Abeille, je ne savais pas encore que la lumière fût une si belle chose.

Mais le roi Loc, la prenant par la main, l’introduisit dans la salle d’où venait la lumière et lui dit :

— Regarde !

Abeille, éblouie, ne vit rien d’abord, car cette salle immense, portée sur de hautes colonnes de marbre, était, du sol au faîte, tout éclatante d’or.

Au fond, sur une estrade formée de gemmes étincelantes serties dans l’or et l’argent, et dont les degrés étaient couverts d’un tapis merveilleusement brodé, s’élevait un trône d’ivoire et d’or avec un dais composé d’émaux translucides aux côtés duquel deux palmiers, âgés de trois mille ans, s’élançaient hors de deux vases gigantesques ciselés autrefois par le meilleur