Page:Anatole France - Balthasar.djvu/193

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artiste des Nains. Le roi Loc monta sur ce trône et fit tenir la jeune fille debout à sa droite.

— Abeille, lui dit-il, ceci est mon trésor ; choisissez-y tout ce qu’il vous plaira.

Pendus aux colonnes, d’immenses boucliers d’or recevaient les rayons du soleil et les renvoyaient en gerbes étincelantes ; des épées, des lances s’entre-croisaient, ayant une flamme à leur pointe. Des tables qui régnaient autour des murailles étaient chargées de hanaps, de buires, d’aiguières, de calices, de ciboires, de patènes, de gobelets et de vidrecomes d’or, de cornes à boire en ivoire avec des anneaux d’argent, de bouteilles énormes en cristal de roche, de plats d’or et d’argent ciselé, de coffrets, de reliquaires en forme d’église, de cassolettes, de miroirs, de candélabres et de torchères aussi admirables par le travail que par la matière, et de brûle-parfums représentant des monstres. Et l’on distinguait sur une des tables un jeu d’échecs en pierre de lune.

— Choisissez, Abeille, répéta le roi Loc.

Mais, levant les yeux au-dessus de ces richesses, Abeille vit le ciel bleu par une ouverture du plafond, et, comme si elle avait