Page:Anatole France - Balthasar.djvu/194

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compris que la lumière du ciel donnait seule à ces choses tout leur éclat, elle dit seulement :

— Petit roi Loc, je voudrais remonter sur la terre.

Alors le roi Loc fit un signe à son trésorier, qui, soulevant d’épaisses draperies, découvrit un coffre énorme, tout armé de lames de fer et de ferrures découpées. Ce coffre étant ouvert, il en sortit des rayons de mille nuances diverses et charmantes ; chacun de ces rayons jaillissait d’une pierre précieuse artistement taillée. Le roi Loc y trempa les mains et alors on vit rouler dans une confusion lumineuse l’améthyste violette et la pierre des vierges, l’émeraude aux trois natures ; l’une d’un vert sombre, l’autre qu’on nomme miellée parce qu’elle est de la couleur du miel, la troisième d’un vert bleuâtre qu’on appelle béryl et qui donne de beaux rêves ; la topaze orientale, le rubis, aussi beau que le sang des braves, le saphir d’un bleu sombre qu’on nomme saphir mâle et le saphir d’un bleu pâle qu’on nomme saphir femelle ; le cymophane, l’hyacinthe, l’euclase, la turquoise, l’opale dont les lueurs sont plus douces que l’aurore, l’aigue marine et le grenat syrien. Toutes ces pierres étaient de l’eau la plus limpide et du plus