Page:Anatole France - Balthasar.djvu/203

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Abeille, seule et désolée, contemplait le rayon de cette lumière dont la face de la terre est toute baignée et qui revêt de ses ondes resplendissantes tous les hommes vivants et jusqu’aux mendiants qui vont par les routes. Lentement ce rayon pâlit et changea sa clarté dorée en une lueur d’un bleu pâle. La nuit était venue sur la terre. Une étoile, à travers la fissure du rocher, scintilla.

Alors quelqu’un lui toucha doucement l’épaule et elle vit le roi Loc enveloppé d’un manteau noir. Il avait à son bras un autre manteau dont il couvrit la jeune fille.

— Venez, lui dit-il.

Et il la conduisit hors du souterrain. Quand elle revit les arbres agités par le vent, les nuages qui passaient sur la lune et toute la grande nuit fraîche et bleue, quand elle sentit l’odeur des herbes, quand l’air qu’elle avait respiré dans son enfance lui rentra à flots dans la poitrine, elle poussa un grand soupir et crut mourir de joie.

Le roi Loc l’avait prise dans ses bras ; tout petit qu’il était, il la portait aussi facilement qu’une plume et ils glissaient tous deux sur le sol comme l’ombre de deux oiseaux.