Page:Anatole France - Balthasar.djvu/219

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les yeux et la poitrine, et il crut mourir. Pourtant il entendait des chansons semblables à des caresses et il était pénétré d’une fraîcheur délicieuse. Quand il rouvrit les yeux, il se vit dans une grotte dont les piliers de cristal reflétaient les nuances délicates de l’arc-en-ciel. Au fond de cette grotte, une grande coquille de nacre, irisée des teintes les plus douces, servait de dais au trône de corail et d’algues de la reine des Ondines. Mais le visage de la souveraine des eaux avait des lueurs plus tendres que la nacre et le cristal. Elle sourit à l’enfant que les femmes lui amenaient et reposa longtemps sur lui ses yeux verts.

— Ami, lui dit-elle enfin, sois le bienvenu dans notre monde où toute peine te sera épargnée. Pour toi, ni lectures arides ni rudes exercices, rien de grossier qui rappelle la terre et ses travaux, mais seulement les chansons, les danses et l’amitié des Ondines.

En effet, les femmes aux cheveux verts enseignèrent à l’enfant la musique, la valse et mille amusements. Elles se plaisaient à nouer sur son front les pétoncles dont s’étoilaient leurs chevelures. Mais lui, songeant à sa patrie, se mordait les poings dans son impatience.