Aller au contenu

Page:Anatole France - Balthasar.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

confus, et il suivit en silence son guide dans l’air épais et noir où s’agitaient les poulpes et les crustacés. Alors le roi Loc lui dit en ricanant :

— La route n’est pas carrossable, mon jeune prince !

— Monsieur, lui répondit Georges, le chemin de la liberté est toujours beau, et je ne crains pas de m’égarer en suivant mon bienfaiteur.

Le petit roi Loc se mordit les lèvres. Parvenu aux galeries de porphyre, il montra au jeune homme un escalier pratiqué dans le roc par les Nains pour monter sur la terre.

— Voici votre chemin, lui dit-il, adieu.

— Ne me dites pas adieu, répondit Georges ; dites-moi que je vous reverrai. Ma vie est à vous après ce que vous avez fait pour moi.

Le roi Loc répondit :

— Ce que j’ai fait n’était pas pour vous, mais pour une autre. Il vaut mieux ne pas nous revoir, car nous ne pourrions pas nous aimer.

Georges reprit avec un air simple et grave :

— Je n’avais pas cru que ma délivrance me causerait une peine. Et pourtant cela est. Adieu, monsieur.