Page:Anatole France - Balthasar.djvu/230

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— Bon voyage ! cria le roi Loc d’une voix rude.

Or, l’escalier des Nains aboutissait à une carrière abandonnée qui était située à moins d’une lieue du château des Clarides.

Le roi Loc poursuivit son chemin en murmurant :

— Ce jeune garçon n’a ni la science ni la richesse des Nains. Je ne sais vraiment pas pourquoi il est aimé d’Abeille, à moins que ce ne soit parce qu’il est jeune, beau, fidèle et brave.

Il rentra dans la ville en riant dans sa barbe, comme un homme qui a joué un bon tour à quelqu’un. En passant devant la maison d’Abeille, il coula sa grosse tête par la fenêtre, comme il avait fait dans l’entonnoir de verre, et il vit la jeune fille qui brodait des fleurs d’argent sur un voile.

— Soyez en joie, Abeille, lui dit-il.

— Et toi, répondit-elle, petit roi Loc, puisses-tu n’avoir jamais rien à désirer, ou du moins rien à regretter !

Il avait bien quelque chose à désirer, mais vraiment il n’avait rien à regretter. Cette pensée le fit souper de bon appétit. Après avoir mangé