Page:Anatole France - Balthasar.djvu/246

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prudence est nécessaire au courage et que l’excellent homme de guerre est armé pour la défense aussi bien que pour l’attaque.

Georges choisit entre tant d’armures celle que le père d’Abeille avait portée jusques dans les îles d’Avalon et de Thulé. Il la ceignit avec l’aide de Francœur et il n’oublia pas l’écu sur lequel était peint au naturel le soleil d’or des Clarides. Francœur revêtit à son tour la bonne vieille cotte d’acier de son grand-père et se coiffa d’un bassinet hors d’usage auquel il ajouta une espèce de plumet, plumail ou plumeau miteux et dépenaillé. Il fit ce choix par fantaisie et pour avoir l’air réjouissant ; car il estimait que la gaieté, bonne en toute rencontre, est particulièrement utile là où il y a de grands dangers à courir.

S’étant ainsi armés, ils s’en allèrent, sous la lune, dans la campagne noire. Francœur avait attaché les chevaux à l’orée d’un petit bois, proche la poterne, où ils les trouvèrent qui mordaient l’écorce des arbustes ; ces chevaux étaient très vites, et il leur fallut moins d’une heure pour atteindre, au milieu de Follets et d’apparitions confuses, la montagne des Nains.

— Voici la grotte, dit Francœur.