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Le maître et l’écuyer mirent pied à terre et s’engagèrent, l’épée à la main, dans la caverne. Il fallait un grand courage pour tenter une pareille aventure. Mais Georges était amoureux et Francœur était fidèle. Et c’était le cas de dire avec le plus délicieux des poètes :

Que ne peut l’Amitié conduite par l’Amour ?

Le maître et l’écuyer marchèrent dans les ténèbres pendant près d’une heure, après quoi ils virent une grande lumière dont ils furent étonnés. C’était un de ces météores dont nous savons que le royaume des Nains est éclairé.

À la lueur de cette clarté souterraine ils virent qu’ils étaient au pied d’un antique château.

— Voilà, dit Georges, le château dont il faut nous emparer.

— Effectivement, répondit Francœur ; mais souffrez que je boive quelques gouttes de ce vin que j’ai emporté comme une arme ; car, tant vaut le vin tant vaut l’homme, et tant vaut l’homme tant vaut la lance, et tant vaut la lance tant moins vaut l’ennemi.

Georges ne voyant âme qui vive, heurta rudement du pommeau de son épée la porte du château. Une petite voix chevrotante lui fit