Page:Anatole France - Balthasar.djvu/5

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retombaient en perles avec un murmure clair. Debout dans une robe de pierreries, elle souriait.

Balthasar, en la voyant, fut saisi d’un grand trouble. Elle lui sembla plus douce que le rêve et plus belle que le désir.

— Seigneur, lui dit tout bas Sembobitis, songez à conclure avec la reine un bon traité de commerce.

— Prenez garde, seigneur, ajouta Menkéra. On dit qu’elle emploie la magie pour se faire aimer des hommes.

Puis, s’étant prosternés, le mage et l’eunuque se retirèrent.

Balthasar, resté seul avec Balkis, essaya de parler, il ouvrit la bouche, mais il ne put prononcer une seule parole. Il se dit : « La reine sera irritée de mon silence. »

Pourtant la reine souriait encore et n’avait pas l’air fâché.

Elle parla la première et dit d’une voix plus suave que la plus suave musique :

— Soyez le bienvenu et seyez-vous près de moi.

Et d’un doigt, qui semblait un rayon de lumière blanche, elle lui montra des coussins de pourpre étendus à terre.