Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/106

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le plaisir qui les y attendait et la joie qu’ils causaient à leur mère. On désignait, entre autres, la servante de M. Maréchal, débitant, « Au Rendez-Vous des pêcheurs », une porteuse de pain et la petite bossue du Pont-Biquet, qui, pour avoir écouté Putois, s’étaient accrues d’un petit enfant. « Le monstre ! » s’écriaient les commères.

» Et Putois, invisible satyre, menaçait d’accidents irréparables toutes les jeunesses d’une ville où, disaient les vieillards, les filles, de mémoire d’homme, avaient toujours été tranquilles.

» Ainsi répandu dans la cité et les environs, il restait attaché à notre maison par mille liens subtils. Il passait devant notre porte et l’on croit qu’il escaladait parfois le mur de notre jardin. On ne le voyait jamais en face. Mais à tout moment nous reconnaissions son ombre, sa voix, les traces de ses pas. Plus d’une fois nous crûmes voir son dos dans le crépuscule, au tournant d’un