Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/105

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aveux complets. « Dans votre intérêt, Gudule, dites-moi qui c’est. » Gudule restait muette. Tout à coup un trait de lumière traversa l’esprit de madame Cornouiller : « C’est Putois ! » La cuisinière pleura et ne répondit pas. « C’est Putois ! Comment ne l’ai-je pas deviné plus tôt ? C’est Putois ! Malheureuse ! malheureuse ! malheureuse ! »

» Et madame Cornouiller demeura persuadée que Putois avait fait un enfant à sa cuisinière. Tout le monde à Saint-Omer, depuis le président du Tribunal jusqu’au roquet de l’allumeur de réverbères, connaissait Gudule et son panier. À la nouvelle que Putois avait séduit Gudule, la ville fut pleine de surprise, d’admiration et de gaieté. Putois fut célébré comme un grand abatteur de quilles et l’amoureux des onze mille vierges. On lui attribua, sur des indices légers, la paternité de cinq ou six autres enfants qui vinrent au monde cette année-là, et qui eussent aussi bien fait de n’y pas venir, pour