Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Les faits, reprit Laboullée, remontent à l’été de 91. Mon ami Paul Buquet, dont je t’ai souvent parlé, habitait alors avec sa femme un petit appartement dans la rue de Grenelle, vis-à-vis de la fontaine. Tu n’as pas connu Buquet ?

— Je l’ai vu deux ou trois fois. Un gros garçon, avec de la barbe jusque dans les yeux. Sa femme était brune, pâle, les traits grands et de longs yeux gris.

— C’est cela : tempérament bilieux et nerveux, assez bien équilibré. Mais une femme qui vit à Paris, les nerfs prennent le dessus et… va te faire fiche !… Tu l’as vue, Adrienne ?

— Je l’ai rencontrée un soir rue de la Paix, arrêtée avec son mari devant la boutique d’un bijoutier, le regard allumé sur des saphirs. Une belle personne, et fichtrement élégante, pour la femme d’un pauvre diable enfoncé dans les sous-sols de la chimie industrielle. Il n’avait guère réussi Buquet ?