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Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/26

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CRAINQUEBILLE

comme la cause de l’embarras, l’appelaient « sale poireau ».

Cependant sur le trottoir, des curieux se pressaient, attentifs à la querelle. Et l’agent, se voyant observé, ne songea plus qu’à faire montre de son autorité.

— C’est bon, dit-il.

Et il tira de sa poche un calepin crasseux et un crayon très court.

Crainquebille suivait son idée et obéissait à une force intérieure. D’ailleurs il lui était impossible maintenant d’avancer ou de reculer. La roue de sa charrette était malheureusement prise dans la roue d’une voiture de laitier.

Il s’écria, en s’arrachant les cheveux sous sa casquette :

— Mais, puisque je vous dis que j’attends mon argent ! C’est-il pas malheureux ! Misère de misère ! Bon sang de bon sang !

Par ces propos, qui pourtant exprimaient moins la révolte que le désespoir, l’agent 64