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LE CHRIST DE L’OCÉAN

s’échappa de cette croix si riche, et alla s’étendre de nouveau sur le lin blanc de l’autel.

De peur de l’offenser, on l’y laissa, cette fois, et il y reposait depuis plus de deux ans quand Pierre, le fils à Pierre Caillou, vint dire à M. le curé Truphème qu’il avait trouvé sur la grève la vraie croix de Notre-Seigneur.

Pierre était un innocent, et comme il n’avait pas assez de raison pour gagner sa vie, on lui donnait du pain, par charité ; il était aimé parce qu’il ne faisait jamais de mal. Mais il tenait des propos sans suite, que personne n’écoutait.

Pourtant M. Truphème, qui ne cessait de méditer le mystère du Christ de l’Océan, fut frappé de ce que venait de dire le pauvre insensé. Il se rendit avec le bedeau et deux fabriciens à l’endroit où l’enfant disait avoir vu une croix, et il y trouva deux planches garnies de clous, que la mer avait longtemps