Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


286
JEAN MARTEAU

bonté nouvelle au monde essuyèrent le mépris des honnêtes gens. C’est bien ce qui est arrivé au président Magnaud.

« J’ai là ses jugements réunis en un petit volume et commentés par Henry Leyret. Ces jugements, quand ils furent prononcés, indignèrent les magistrats austères et les législateurs vertueux. Ils témoignent de l’esprit le plus élevé et de l’âme la plus tendre. Ils sont pleins de pitié, ils sont humains, ils sont vertueux. On estima dans la magistrature que le président Magnaud n’avait pas l’esprit juridique, et les amis de Monsieur Méline l’accusèrent de ne point assez respecter la propriété. Et il est vrai que les « attendus » dont s’appuient les jugements de Monsieur le président Magnaud sont singuliers ; car on y rencontre à chaque ligne les pensées d’un esprit libre et les sentiments d’un cœur généreux. »

M. Bergeret, prenant sur la table un petit volume rouge, le feuilleta et lut :