Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/58

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le marchand de marrons du coin et qui lui servent de couverture, et il songe : « La prison, il n’y a pas à se plaindre ; on y a tout ce qui vous faut. Mais on est tout de même mieux chez soi. »

Son contentement fut de courte durée. Il s’aperçut vite que les clientes lui faisaient grise mine.

— Des beaux céleris, m’ame Cointreau !

— Il ne me faut rien.

— Comment, qu’il ne vous faut rien ? Vous vivez pourtant pas de l’air du temps.

Et m’ame Cointreau, sans lui faire de réponse, rentrait fièrement dans la grande boulangerie dont elle était la patronne. Les boutiquières et les concierges, naguère assidues autour de sa voiture verdoyante et fleurie, maintenant se détournaient de lui. Parvenu à la cordonnerie de l’Ange Gardien, qui est le point où commencèrent ses aventures judiciaires, il appela :