Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une seule invitation de madame Cornouiller, laissant à ma mère le soin de trouver à ces refus des prétextes décents et des raisons variées, c’est ce dont elle était le moins capable. Notre mère ne savait pas feindre.

— Dis, Lucien, qu’elle ne voulait pas. Elle aurait pu mentir comme les autres.

— Il est vrai de dire que lorsqu’elle avait de bonnes raisons, elle les donnait plutôt que d’en inventer de mauvaises. Tu te rappelles, ma sœur, qu’il lui arriva un jour de dire, à table : « Heureusement que Zoé a la coqueluche : nous n’irons pas de longtemps à Monplaisir. »

— C’est pourtant vrai ! dit Zoé.

— Tu guéris, Zoé. Et madame Cornouiller vint dire un jour, à notre mère : « Ma mignonne, je compte bien que vous viendrez avec votre mari dîner dimanche à Monplaisir. » Notre mère, chargée expressément par son mari de présenter à madame Cornouiller un valable motif de refus, ima-