Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/17

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Dans ces textes où Strauss ne voyait que des mythes, Renan, avec autant de bon vouloir que de sincérité s’efforça de déchiffrer une histoire vraie. Il fit mieux : il en tira des récits animés et des tableaux d’une fraîcheur délicieuse. Il traça du Nazaréen une image charmante et fit flotter autour d’elle le parfum qui lui restait d’une croyance desséchée. Tout le ravissait dans l’idylle galiléenne, même l’esprit communiste, qu’ailleurs il goûtait peu. Il sut peindre avec suavité les saintes femmes, les bateliers, les publicains, les pauvres gens qui suivaient le Maître. Il eut des trésors de tendresse pour les premiers hommes apostoliques.

La critique voltairienne faisait une grande part à la fraude dans la fondation des religions. Les philosophes du XVIIIe siècle, trop disposés à croire que l’homme est partout et toujours le même, se figuraient volontiers