Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/18

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les apôtres comme des capucins fripons. La critique renanienne, habile à saisir les états obscurs de la conscience, ramène volontiers la fraude aux illusions d’un cerveau malade et pieux. Renan, qui avait voyagé en Syrie, concevait que ces juifs enthousiastes et tendres eussent vécu dans un mirage perpétuel. Sans doute, la thaumaturgie, la glossolalie, tout le merveilleux de la primitive Église, qui paraissait si ridicule à un lettré comme Lucien, ne lui plaisait guère. Il laisse percer le malaise qu’il en éprouve. Il ne s’arrête à ces pratiques affligeantes qu’autant que sa probité d’historien l’y oblige ; et, s’il en tient quelque compte dans ses jugements sur les mœurs d’une société, il n’en fait, ce semble, un grief à nul homme isolément.

Messieurs, il y a peu de temps, j’ai eu le rare plaisir de causer avec un prince orien-