Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/19

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tal d’une belle intelligence, qui a vécu sa jeunesse dans une contrée où la puissance créatrice de l’esprit religieux n’est pas épuisée, et qui produit encore des prophètes, des apôtres et des martyrs.

Il me demandait avec une surprise à peine feinte et un orgueil asiatique, comment il se faisait que l’Occident n’eût point de prophètes, lorsque d’Orient il s’en levait sans cesse des milliers.

— Aujourd’hui comme autrefois, me disait-il, par tout l’Islam, on trouve des prophètes, au bazar, dans la boutique du barbier, au coin de la rue où hurlent les chiens errants. Et les Européens n’en découvrent pas un seul, alors qu’ils en auraient le plus besoin. Voyez les Français, par exemple. Quel avantage il y aurait pour eux à ce que M. Combes fût prophète !

Nous parlâmes des dieux morts et des