Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/39

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aimé d’eux. Je célébrerais mal sa mémoire si je n’appelais pas autour de ce monument les âmes qui lui furent les plus proches et les plus douces : Henriette, « si haute et si pure » (j’emprunte au frère les louanges de la sœur), Henriette qui, lorsqu’il avait vingt ans, « lui tendit la main pour franchir un pas difficile » et qui, dans les nuits de Ghasir, renouvelait avec lui, d’une pensée plus forte, les entretiens d’Augustin et de Monique, au rivage d’Ostie ; Cornélie Scheffer, la compagne de sa vie, belle, simple, de l’esprit le plus vif, nourrie de vertus aimables et fortes ; Ary, son fils, qui vécut peu de temps, penché sur la mort dans une langueur qui se répandit en délices et en grâce sur sa peinture et sa poésie. Auprès de ces ombres chères, j’appellerai celle qui reçut de lui le nom de Noémi comme un souvenir touchant et comme un heureux