Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/42

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de simplicité, de déférence pour autrui, et en se donnant, autant que possible, les dehors d’un homme ordinaire. Dans des souffrances longues et parfois cruelles, il gardait sa douceur ; et sa joie restait abondante : il la composait de la joie des autres. Il conservait du bien qu’on lui voulait une mémoire toujours fraîche, et le mal qu’on lui faisait, il l’ignorait toujours. On pourrait lui appliquer ce vers de Sophocle : « Je naquis pour partager l’amour et non la haine. »

Voilà l’homme sur lequel l’Église a, pendant un demi-siècle, versé l’injure et l’outrage. Il les souffrit avec une tranquillité souriante. Il disait, dans une de ses préfaces de la Vie de Jésus :

« J’écris pour proposer mes idées à ceux qui cherchent la vérité. Quant aux personnes qui ont besoin, dans l’intérêt de leurs croyances, que