Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/41

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mit tout son plaisir dans l’accomplissement de ses devoirs, et prit aux moindres un intérêt fidèle. Il se garda même des amusements de l’intelligence et des joies de l’art qui ne s’accordaient pas avec la régularité professionnelle.

Que cette entente des obligations, cette ponctualité se soit trouvée dans un si vaste esprit, il ne faut pas s’en étonner. De sa nature, le génie est plus ponctuel, plus exact, que la médiocrité. Et ce n’est pas certes une connaissance étendue de la nature qui peut affaiblir en nous le sentiment du relatif et du nécessaire.

Renan était vertueux de la façon la plus rare : il l’était avec grâce. Il avait des vertus fortes et des vertus charmantes. Il était bienveillant et serviable. Il mettait tout son soin à ne désobliger personne. Il s’efforçait de se faire pardonner sa supériorité à force