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LA PÊCHE



Jean s’en est allé de bon matin avec sa sœur Jeanne, une gaule sur l’épaule, un panier sous le bras. L’école est fermée, les écoliers sont en vacances ; c’est pourquoi Jean s’en va tous les jours avec sa sœur Jeanne, une gaule sur l’épaule, un panier sous le bras, le long de la rivière. Jean est Tourangeau, Jeanne est Tourangelle. La rivière est tourangelle aussi. Elle coule claire sous les saules argentés. Un ciel humide et doux la regarde couler. Le matin et le soir, de blanches vapeurs se traînent sur l’herbe de ses berges. Mais Jean et Jeanne n’aiment la rivière ni pour les verts feuillages de ses berges, ni pour ses eaux pures où le ciel se mire. Ils l’aiment pour le poisson qui est dedans. Ils s’arrêtent à l’endroit le plus poissonneux, Jeanne s’assied sous un saule étêté. Ayant posé ses paniers à terre, Jean déroule sa ligne. Elle est simple : une gaule, avec un fil et une épingle recourbée au bout du fil. Jean a fourni la gaule, Jeanne a donné le fil et l’épingle ; aussi la ligne est-elle