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LES FAUTES DES GRANDS


C’est pour aller voir l’ami Jean que Roger, Marcel, Bernard, Jacques et Étienne ont pris la route nationale qui déroule au soleil, le long des prés et des champs, son joli ruban jaune.

Les voilà partis. Ils s’avancèrent sur une seule ligne. On ne peut mieux partir. Pourtant il y a un défaut à cette ordonnance : Étienne est trop petit.



Il s’efforce, il hâte le pas. Il ouvre toutes grandes ses courtes jambes. Il agite ses bras par surcroît. Mais il est trop petit, il ne peut pas suivre ses amis. Il reste en arrière parce qu’il est trop petit. C’est fatal.

Les grands, ses aînés, devaient l’attendre, direz-vous, et régler leur pas sur le sien. Ils le devaient ; ils ne le font pas. En avant ! disent les forts de ce monde, et ils laissent les faibles en arrière. Mais attendez la fin de l’histoire. Tout à coup, nos grands, nos forts, nos quatre gaillards s’arrêtent. Ils ont vu par terre une bête qui saute. La bête saute parce qu’elle est une grenouille, et qu’elle veut gagner le pré