Aller au contenu

Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se faire attacher au cabinet. Jusqu’ici ç’avait été son désir. Il tenait beaucoup à ne pas quitter Paris. Sa mère, au contraire, eût préféré qu’il allât à La Haye, où un poste de troisième secrétaire était vacant. Maintenant il se décidait tout à coup pour La Haye. « Je partirai, se dit-il. Le plus tôt sera le meilleur. » Sa résolution prise, il en examina les motifs. D’abord, c’était excellent pour son avenir. Ensuite, le poste de La Haye était agréable. Un camarade, qui l’avait occupé, vantait l’hypocrisie délicieuse de la petite capitale endormie, où tout était machiné, truqué pour l’agrément du corps diplomatique. Il considéra même que La Haye était l’auguste berceau d’un nouveau droit international, et il alla jusqu’à décrocher cette raison qu’il ferait plaisir à sa mère. Après quoi il s’aperçut qu’il voulait partir seulement à cause de Félicie.

Il eut sur elle des pensées qui n’étaient pas bienveillantes. Il la savait menteuse et