Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/333

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ainsi d’une façon privée et secrète. Et, en observant les façons cérémonieuses de cette fille toute nue, il se donnait aussi le plaisir philosophique de découvrir avec quoi l’on fait de la dignité dans les meilleures compagnies.

« Il passe, vient, repasse et toujours de plus belle

Me fait à chaque fois révérence nouvelle ;

Et moi, qui tous ses tours fixement regardais,

Nouvelle révérence aussi je lui rendais… »

Cependant elle admirait dans la glace ses seins fraîchement éclos, sa taille agile, ses bras un peu minces, ronds et fuselés, ses jambes fines, ses beaux genoux polis, et, voyant tout cela servir au bel art de la comédie, elle s’animait, s’exaltait ; une légère rougeur, comme un fard, colorait ses joues.

« Tant que si sur ce point la nuit ne fût venue,

Toujours comme cela je me serais tenue,

Ne voulant point céder, ni recevoir l’ennui

Qu’il me pût estimer moins civile que lui… »