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Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/92

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Madame Doulce tira de dessous ses fourrures une botte de billets fanés déjà pour s’être trop offerts.

— Maître, dit-elle à Constantin Marc, vous savez que je fais dimanche prochain une lecture des plus belles lettres de madame de Sévigné, avec commentaire, au bénéfice des trois pauvres orphelins qu’a laissés l’artiste Lacour, qui est mort cet hiver d’une manière si déplorable.

— Avait-il du talent ? demanda Constantin Marc.

— Pas du tout, dit Nanteuil.

— Eh bien, alors, en quoi sa mort est-elle déplorable ?

— Oh ! maître, soupira madame Doulce, n’affectez pas l’insensibilité.

— Je n’affecte pas l’insensibilité. Mais il y a une chose qui me surprend, c’est le prix que nous attachons à des existences qui ne nous intéressent en rien. Nous avons l’air de croire que la vie est en elle-même quel-