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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/114

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ses propres paroles : « Reuline, je voulais allumer ma pipe avec. » Tenez, la semaine passée, madame la baronne Dubosq-Marienville…

Groult l’interrompit en frappant un coup de poing sur la table. Reuline remua un moment les lèvres sans parler ; puis il reprit de sa voix traînante et nasillarde :

— Venons-en, s’il vous plaît, à votre affaire. Je suis à vos ordres et nous ne pouvons manquer de nous entendre. Je vous ai fourni l’acte de naissance d’un sieur Samuel Ewart et différents papiers propres à établir l’identité de cette personne. Je vous ai passé ces actes de la main à la main, mon bon monsieur, sans préjuger de l’usage que vous vouliez en faire. Je n’ai agi en cela que dans le but de vous être utile.

— Après ? dit Groult en fronçant les sourcils.

— Espérez un peu, dit le Normand dans son patois, espérez.

Il s’humecta les lèvres et continua :

— Je n’ai pas voulu chercher quelle sorte d’intérêt vous aviez à vous procurer les papiers de Samuel Ewart ; je suis discret, mon bon monsieur. La discrétion est une des vertus cardinales de mon