liste docile. Il fonderait enfin sa grande entreprise, le rêve de sa vie ; il mettrait au jour l’enfant de ses veilles, son œuvre : la Fiduciaire, société de prêts sur gages. Le gouvernement ne manquerait pas d’autoriser une société assise sur une base solide de capitaux. La liste des membres du conseil d’administration, choisis parmi des personnes décorées ou titrées, inspirerait de la confiance au numéraire. À ce moment de son rêve, M. Fellaire vit passer dans les rideaux de son lit l’ombre terrible du Phénix de la garde nationale.
Il en sentit au front une sueur froide, sous son triple madras, mais il chassa ce nuage importun. Il contempla de nouveau l’avenir. Il imagina pour la Fiduciaire un emblème d’un grand effet : deux mains terminées par des manchettes de dentelles et se tenant l’une l’autre à poignée. Il voyait déjà cette image symbolique imprimée sur les circulaires et les prospectus, gravée sur les billets, traites, bons, chèques, actions, obligations, livres de souche, et sculptée en pierre dans des proportions colossales sur le fronton même de l’immeuble occupé par la Fiduciaire dans le voisinage du