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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/128

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levant les yeux sur son père, elle lui vit un front si tranquille, un air si convaincu, une si digne figure, qu’elle écrivit docilement ce qu’il dictait.

M. Fellaire, planant dans les régions sereines de la paternité adoptive, rayonnait d’un pur éclat.

Il alla mettre lui-même la lettre à la poste. Hélène, restée seule, eut honte et peur d’avoir trahi le mort. Elle pensa : s’il revenait !… Alors elle crut le voir et elle le vit avec une effroyable netteté. Son visage, qui n’exprimait rien, laissait tout entier le mystère de sa pensée. Elle savait bien qu’elle ne le voyait qu’en imagination, mais elle ne pouvait pas ne pas le voir.


M. Fellaire ne put dormir de toute la nuit. Ses idées s’agitaient tumultueusement sous son foulard écarlate. Il se retournait dans son lit et faisait tinter à chaque seconde le verre et la carafe posés avec sa pipe, son bougeoir et ses lunettes sur la table de nuit d’acajou. Ce bruit argentin accompagnait harmonieusement ses pensées. Les actes futurs de sa tutelle intègre lui inspiraient pour lui-même de l’estime par anticipation. Ce n’était pas tout. Il comptait trouver en sa fille un capita-