Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/132

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quable par sa bienfaisance que par ses collections. Sa mort, qui sera vivement ressentie par tous les pauvres du quartier des Invalides, semble due à l’abus de la belladone qu’il employait pour combattre un rhumatisme aigu dont il était affligé. C’est du moins l’opinion des princes de l’art. Nous sommes heureux d’être assez bien informés pour pouvoir rendre à cet événement déjà si douloureux en lui-même ses véritables proportions.


Les dernières lignes de cette note le mirent dans une rage violente. Il se promit de couper avec sa cravache la figure à son ami Bouteiller. « Je ne sais seulement pas où perche ce macaque ! » s’écria-t-il dans son impatience. Il alla le chercher au bureau du journal à la mode et le rencontra dans le vestibule, entre le canard de bronze et le pigeon de marbre rose nichés, l’un sur la boîte aux lettres, l’autre sur celle des manuscrits. La mine bonasse et stupéfaite du gros reporter, ouvrant son parapluie sans défiance (il pleuvait), désarma Longuemare qui, se rappelant aussitôt le temps où Bouteiller lui volait ses versions dans son pupitre pour les copier à son aise, fut pris d’une sorte d’attendrissement. Bouteiller, souriant à sa vue, lui cria :