Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/162

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et le tira de son trou comme une anguille. Sans doute il n’avait pas l’air bien méchant, car l’enfant n’eut plus peur.

— Veux-tu bien m’écouter, petit sauvage, lui dit le chirurgien. Si tu veux gagner des sous neufs, apporte-moi des grenouilles. Tu dois savoir attraper des grenouilles. Je demeure là-bas, chez le père Longuemare.

Quand il eut des grenouilles, il ne quitta plus sa chambre, qui s’emplit d’une forte odeur de pharmacie et de tabac. Le père Longuemare, en sarclant ses plates-bandes, regardait avec satisfaction la petite lucarne d’où pendaient, au bout de fils de laiton, des grappes de grenouilles mutilées. Maintenant que son fils travaillait, il avait pour lui une sorte de respect religieux. Il se faisait petit dans la maison et n’y marchait plus que sur la pointe des pieds. Il défendait à la servante de faire le lit, là-haut, pendant que Monsieur travaillait.

Un jour, à table, en pelant une poire, il dit à son fils :

— Est-ce que je ne pourrais pas t’aider à préparer tes grenouilles ? N’as-tu pas besoin, par