Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/164

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Un matin, René lui annonça qu’il partait. Les deux hommes se firent, pour les adieux, une voix rauque et brève, un front impassible, une attitude raide, et ils se séparèrent avec une fermeté maussade.

Mais tandis que le vieux père, en regagnant sa maison, pleurait dans son mouchoir à carreaux, le fils, étendu sur la banquette de la voiture de troisième classe, s’essuyait les yeux en bourrant sa pipe.

À la Station de Reims, deux jeunes gens, des employés de commerce, sans doute, entrèrent dans son compartiment. L’un des deux lisait Le Petit Journal et faisait part à l’autre des nouvelles les plus importantes.

— La crise ministérielle continue… Une explosion a mis en émoi le quartier du Gros-Caillou… Le nommé Groult (Juste-Désiré) a été exécuté ce matin à six heures, sur la place du Marché, à Granville.

— Qu’est-ce qu’il avait fait ? demanda l’autre.

— Il avait assassiné un vieillard. On l’accusait aussi d’avoir empoisonné un riche anglais, mais