Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/193

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— Je sais, je sais…

— C’est le baccalauréat civique que je ferai passer glorieusement à notre Remi. Je préparerai en lui moins encore le lauréat de l’Université que le législateur de la République haïtienne. Et que m’importe, à moi, cette vieille fée pédante qu’on nomme l’Université !

L’ancien ministre, homme éloquent mais pratique, lui fit signe du sourcil de ne pas parler ainsi devant son élève. Mais le précepteur libre, emporté par la sublimité de ses propres idées :

— L’Université, s’écria-t-il, c’est le monopole ! L’Université, c’est la routine ! L’Université, c’est l’ennemie ! Guerre à l’Université !

Puis, posant la main sur l’épaule du jeune mulâtre, plus indifférent que surpris :

— Mon ami, si je vous prépare au baccalauréat, je vous enseignerai les vérités primordiales. Et quand, au sortir de mes mains, vous vous présenterez en Sorbonne devant les examinateurs, vous serez leur juge encore plus qu’ils ne seront les vôtres. Vous pourrez dire aux Caro et aux Taillandier : « J’ai des principes et vous n’en avez pas. C’est un homme de fer, c’est Godet-Laterrasse qui