Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/207

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vous trouverez sans peine chez les bouquinistes de la rue Cujas. Je ne veux m’occuper que des livres importants d’après lesquels vous formerez votre conscience d’homme et de citoyen.

Ils atteignirent bientôt le quai Voltaire et entrèrent dans une boutique de librairie.

— Avez-vous les ouvrages de Proudhon, de Quinet, de Cabet et d’Esquiros ? demanda M. Godet-Laterrasse.

La librairie avait ces ouvrages-là. Il en fit, sous les yeux mêmes des acheteurs, un paquet que Sainte-Lucie voyait avec stupéfaction monter comme une tour.

— Monsieur, dit-il candidement au libraire, qui déjà croisait les ficelles, monsieur, ajoutez donc au ballot deux ou trois romans de Paul de Kock. J’en ai commencé un à Nantes qui m’a bien amusé. Mais mon maître d’études me l’a pris.

Le libraire répondit d’un ton digne qu’il ne « tenait » pas de romans, et il se disposait à nouer les ficelles, quand M. Godet-Laterrasse l’arrêta. Il avait réfléchi ; il empruntait à son élève les deux premiers volumes de l’Histoire de France, de Michelet, pour y faire une recherche. Ils se donnèrent une