Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/211

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nez chaussé de lunettes, était quelque chose de très vague et de très important. Il faisait chaud dans la brasserie, et Sainte-Lucie, se sentant tout à son aise, sourit, et sa grosse bouche s’épanouit, tandis que Virginie, l’observant de son œil offensif, à travers la cloison, le trouvait très beau et très distingué, et admirait ses joues mates et claires, semblables au métal des casseroles qu’elle récurait si bien. Comme les amoureuses qui vieillissent, Virginie était très propre.

Le poète Dion demanda à Labanne, avec une douceur en même temps fade et aigrie, ce que devenait l’évêque Gozlin.

On parlait beaucoup, en effet, depuis quelque temps, au Chat maigre, d’une statue de l’évêque Gozlin commandée, disait-on, au sculpteur Labanne, pour une des niches du nouvel hôtel de ville. Labanne admettait, sans preuve, que la commande lui était donnée, mais il ne voyait pas l’évêque Gozlin debout dans une niche. Il ne le voyait qu’assis dans sa chaire épiscopale.

Sainte-Lucie but un verre de bière.

— Vous savez, dit le jeune Dion, que nous fondons une revue. Mercier m’a promis un article.