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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/213

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— Mais avez-vous des fonds pour votre revue ? demanda le sceptique Labanne.

— Certainement, répondit le poète. Ma grand’mère m’a donné trois cents francs.

Labanne était réduit au silence. D’ailleurs, il feuilletait quelques bouquins qu’il avait achetés dans la journée sur les étalages des parapets.

— Ce volume est très curieux, disait-il en contemplant un petit livre à tranches rouges. C’est un traité de Saumaise — Salmasius, — sur l’usure — de usuris. Je le donnerai à Branchut.

Alors on songea que Branchut n’était pas venu ce soir au Chat-Maigre.

— Comment va-t-il, ce pauvre Branchut du Tic ? demanda le poète Dion. Tombe-t-il encore aux pieds des princesses russes ? Il faut qu’il nous donne un article pour la revue.

Sainte-Lucie demanda à Labanne si ce M. Branchut du Tic était bien le professeur de littérature dont il avait été question un jour au Grand-Hôtel.

— Celui-là même, jeune homme, dit Labanne. Vous le verrez. Sachez qu’il s’appelle simplement Claude Branchut. Son nez, fort long, d’ailleurs, est agité de frissons nerveux et affecté d’un mou-