Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/217

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Dion lui ayant demandé un article pour sa revue, le moraliste se fit longtemps prier.

— Prenez, dit Labanne, son commentaire du Phédon qui est écrit tout au long au fusain sur le mur de mon atelier. Vous le ferez copier, à moins que vous ne préfériez porter mon mur chez l’imprimeur.

Branchut promit l’article quand on cessa de le lui demander.

— Ce sera, dit-il, une étude d’un genre particulier sur les philosophes.

Il toussa de la toux des orateurs, prit un verre vide, le posa devant lui et poursuivit lentement :

— Voici mon point de vue. Il y a deux sortes de philosophes : ceux qui se placent derrière ma chope, comme Hégel, et ceux qui se placent entre ma chope et moi, comme Kant. Vous comprenez le point de vue.

Dion comprenait le point de vue. Branchut put continuer :

— Quand, dit-il, un philosophe est derrière ma chope, savez-vous ce que je fais ?…

À ce moment, ayant baissé un des becs de gaz et éteint l’autre, Virginie avertit ces messieurs