Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/221

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le tableau du Chat Maigre, comme pour le prendre à témoin de l’ingratitude de Potrel.

Son ample poitrine se souleva, ses trois mentons tremblèrent ; elle ajouta d’une voix étouffée :

— Et dire que je ne sais pas si je ne l’aime pas encore ! Si tu m’abandonnais aussi, toi, je ne sais pas ce que je ferais. Viens ce soir, mon chéri… Qu’est-ce qu’il faut vous servir, messieurs ?

Cette dernière phrase, jetée avec un sourire, s’adressait à deux consommateurs qui venaient d’entrer.

Sainte-Lucie était heureux. Il venait d’être largement refusé au baccalauréat. Mais il se chauffait à tous les poêles amis, riait de son gros rire sensuel, s’amusait de voir et d’entendre et ne s’inquiétait de rien. La faveur mal dissimulée que lui accordait Virginie lui avait valu le respect des hôtes du Chat Maigre. Les femmes marquent d’un signe les hommes qu’elles choisissent.

L’atelier de Labanne lui était plus agréable encore que la chambre de Virginie. Mais le poêle n’était jamais allumé. Remi en était fâché, car il