Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/240

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jour de le représenter dans une attitude sublime, avec un cadran sur le ventre. Depuis ce temps, il considérait Labanne comme un sceptique des plus corrompus. Plein de cette pensée, il tourna vers Dion et Mercier sa face horizontale et leur dit :

— Jeunes gens, gardez-vous du scepticisme. C’est un souffle empoisonné qui dessèche l’âme dans sa fleur.

Il promit à la revue un chapitre inédit de son grand livre sur la régénération de l’humanité par la race noire.

Il développa son idée. La race noire n’était pas souillée par cette lèpre chrétienne qui dévorait depuis dix-huit siècles tous les peuples de la famille blanche.

Il raconta que, à peine âgé de onze ans et se promenant seul au bord de la mer, en face de l’immensité, il se disait : « Les curés auront beau dire ; je ne croirai jamais que le christianisme ait rien fait pour l’abolition de l’esclavage. »

Quand il sortit, on lui fit escorte. L’omnibus, signalé par Sainte-Lucie, approchait. M. Godet-Laterrasse, ayant distribué des poignées de main,