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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/263

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le faire pour être agréable à mon maître Télémaque.

Et Miragoane, debout sur ses pattes de derrière, reçut contre son ventre rose le petit fusil de bois.

— Portez arme ! Présentez arme !

Miragoane manœuvra au commandement. Mais ses jarrets fléchissaient ; elle retomba sur ses quatre pattes et, laissant son arme sur le carreau, elle s’en alla en se secouant au seuil de la boutique.

— C’est mauvais, c’est mou, lui dit Télémaque. Nous recommencerons ça demain.

Mais Miragoane immobile, en arrêt, aboya deux fois. Puis elle se mit à courir du seuil au fourneau, en faisant sonner ses ergots sur le carrelage.

Remi, coiffé d’un chapeau de paille en cloche à melon, selon la mode des canotiers, entra dans la boutique et se fit connaître à Télémaque qui, dans sa joie, lui tourna le dos sans rien dire, pour déboucher une bouteille de vin blanc.

— C’est vous, mouché, dit le nègre, vous mouché Remi, le fils de mouché le ministre et le filleul de ma pauvre femme Olivette, qui vendait de l’arac, des cocos et des sapotilles à Port-au-Prince. Les hommes de couleur l’ont tuée mé-