Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/267

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Et ils déjeunèrent de grand appétit. Miragoane, chargée de garder la boutique pendant le repas, tournait par intervalles vers les convives un regard résigné.

Quand ils en eurent fini avec le civet de lapin, arrosé de vin d’Argenteuil, ils s’attardèrent aux sensualités du fromage de Brie étalé sur le pain tendre.

— Télémaque, vous êtes très bien ici, dit Remi qui s’y trouvait lui-même à souhait.

Mais, comme il est dans la nature humaine de former sans cesse de nouveaux désirs, Télémaque poussa un soupir et dit :

— Savez-vous ce qui manque à mon établissement, mouché Remi ? Il manque mon portrait peint, dans un cadre doré. Mon portrait peint serait quelque chose de beau au-dessus du comptoir. J’ai là-haut, dans un sac, une grosse somme d’argent pour le tombeau d’Olivette. Mais j’en casserais bien un petit morceau pour le peintre qui ferait mon portrait.

Sainte-Lucie répondit que le général aurait son portrait sans écorner le mausolée de la marraine Olivette.