Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/284

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Le sculpteur, qui n’avait aucune idée du temps et de l’espace, ne put rien lui dire. Mais il le conduisit chez la nourrissante Virginie, qui attribua la disparition de Remi à un chagrin sur la nature duquel elle ne s’expliquait pas. Mais elle insinua qu’elle pouvait ne pas être étrangère à cet événement. Si, comme elle le craignait, M. Sainte-Lucie avait cédé à un désespoir d’amour, elle en était désolée. Mais on ne peut pourtant pas contenter tout le monde, quand on n’est pas une femme comme il y en a tant. Elle n’avait rien fait pour que M. Remi fût jaloux de M. Potrel. Elle termina en déclarant qu’elle était une honnête femme et qu’elle n’avait rien à se reprocher. Elle prit le tableau du Chat Maigre à témoin de son innocence, et retourna dans l’ombre où elle avait coutume de rincer des verres.

M. Godet-Laterrasse regagna soucieux les hauteurs de Montmartre. Il en descendit le lendemain sur une impériale d’omnibus et retourna à l’atelier, qu’il avait choisi pour centre d’opérations. Il y trouva le moraliste Branchut occupé, dans sa couverture, à rédiger un traité sur l’amour. Plein de son sujet, Branchut l’exposa.