Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/291

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pour le peintre et mit sous sa blaude le dessin proprement plié en quatre.

L’opinion fut que le Parisien tirait bien les ressemblances, et Remi s’en retourna avec quelques pièces blanches dans ses poches.

Il coucha dans l’auberge la plus rustique du village où madame Lourmel s’était établie et parut le lendemain sur la plage blonde où des cabines bariolées étaient rangées en ligne.

La mer, bleue à l’horizon, montait lentement et déferlait sur le sable en lames huileuses et verdâtres, frangées d’écume. Un ciel humide et doux, un de ces ciels perfides qui caressent et brûlent la peau tendre des citadins, fermait l’horizon circulaire. Le vent modéré qui soufflait du large taquinait les toilettes des Parisiennes. Des femmes grêles, en costume de bain et la chevelure prise dans un bonnet de toile gommée, couraient au-devant de la lame. Il aperçut mademoiselle Lourmel dont le voile violet flottait librement.

Il eut envie de lui sauter au cou, mais il vit déboucher, à l’angle d’un petit chemin qui mourait sur la grève, M. Sarriette, avec ses mêmes favoris blancs et son même parapluie.