Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/292

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— Bonjour, monsieur Sarriette, dit-il au vieillard surpris.

Au bout d’un quart d’heure, ils étaient bons amis.

— J’aime beaucoup les vieux monuments, dit M. Sarriette. Et, tel que vous me voyez, j’ai passé trois semaines à mesurer tous les murs de l’abbaye du mont Saint-Michel. Par une habitude qui m’est particulière, je me suis servi de mon parapluie pour prendre ces mesures. Ainsi les remparts ont une hauteur moyenne de soixante-douze parapluies, et, dans l’église, les colonnes de la nef ne mesurent pas moins de trente-sept parapluies, trois becs et deux bouts ferrés.

M. Sarriette fut enchanté d’apprendre que Remi était peintre. Ils convinrent d’exploiter ensemble tout l’Avranchais. M. Sarriette mesurerait les monuments historiques et Remi en prendrait des croquis.

— Présentez-moi à madame Lourmel, dit Remi.

Et sur ces mots du bonhomme : « M. Remi Sainte-Lucie, fils de M. Sainte-Lucie, ancien ministre à Haïti, » Remi s’inclina devant madame Lourmel muette de surprise, et devant la jeune