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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/303

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pées et tenant à la main une note que M. Remi n’avait pas réglée.

Elle profita aussi de la circonstance pour rappeler à M. Godet les consommations qu’il lui devait. Mais l’homme de fer avait oublié son porte-monnaie. D’ailleurs, il ne luttait plus. Sa captivité roulante l’épuisait. Il fut traîné du Chat Maigre à l’atelier de Labanne. Le sculpteur déclara, en caressant sa barbe rutilante, qu’il ne voyait pas encore le monument expiatoire des victimes de la tyrannie. Il étudiait la flore des Antilles. Il montra à M. Sainte-Lucie un chevalet déjà à moitié enseveli sous un amoncellement de livres.

— C’était le chevalet de Remi, dit le sculpteur. Le gaillard commençait à peindre avec une adresse de singe.

— Mon fils est peintre ! s’écria M. Sainte-Lucie étonné.

Et par un geste qui lui devenait familier, il poussa le précepteur dans la voiture qui les attendait. Ils allèrent à la préfecture de police ; ils allèrent chez Dion, qui composait un poème sous des fleurets en croix. Une tête de mort, masquée d’un loup à barbes de dentelle, était posée sur sa