Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/309

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rasse jusqu’à la voiture publique qui devait les conduire au village des bains. L’ancien ministre se jeta dans le coupé et fit placer son prisonnier sous la bâche, entre deux caisses dont les angles lui entraient dans les côtes.

Arrivé sur la plage par un joli temps d’un gris tendre, M. Sainte-Lucie enferma sa victime dans une chambre d’hôtel. L’hôtelière, interrogée, répondit que M. Remi, accompagné de M. Sarriette, était parti avec sa boîte de couleurs du côté des falaises. En effet, après dix minutes de marche, M. Alidor trouva son fils tranquillement occupé à peindre des rochers. Le père eut envie tout à la fois de l’assommer à coups de canne et de l’embrasser à tour de bras. Il ne savait lequel de ces deux désirs satisfaire quand Remi lui sauta au cou.

Ce n’était plus le grand enfant maussade que son père avait vu quatre ans auparavant. C’était un robuste gaillard, bien éveillé et de bonne humeur. Il avait la mine ouverte et souriante.

— Quel bonheur que vous soyez venu, papa ! s’écria-t-il. J’allais vous écrire. M. Sarriette, que je vous présente, vous présentera à madame et à mademoiselle Lourmel.