Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/67

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seul rayon de soleil qu’il y eût dans le salon et peut-être dans tout l’hôtel. Il ajouta d’un ton énergique :

— Et agir vite.

Il demanda ensuite si M. Haviland voulait prendre connaissance des statuts de la Banque ouvrière.

M. Haviland répondit :

— Non !

M. Fellaire de Sisac aurait voulu que M. Haviland se fît une idée générale de la façon dont la banque ouvrière était constituée. Il comptait que son très honorable gendre donnerait des conseils précieux. Enfin, pourquoi ne pas le dire ? L’affaire était digne de l’intérêt des plus gros capitalistes et il se faisait scrupule de ne pas appeler M. Haviland à bénéficier des avantages réservés aux premiers actionnaires de la Banque ouvrière.

Il se tut. M. Haviland sonna son domestique, qui vint en boitant.

— Groult, lui dit-il, ôtez ce cigare.

C’était un cigare de deux sous, éteint et mâchonné, que M. Fellaire de Sisac, en entrant, avait posé sur le bord de la console.